mardi 29 janvier 2013

E comme... Equity

Voilà un mot qui semble simple à comprendre. Équité!
Le problème n'est pas tant dans la traduction de ce mot, que dans ce qu'il recouvre.
En tant que française, l'équité pour moi était traiter tout le monde de la même façon, sans différence aucune.
 Aux États-Unis, ou tout du moins dans le monde de l'éducation américain tel que je l'ai vécu pendant un an, le concept d'équité adopte un sens différent. Il s'agit de traiter tout le monde sans aucune discrimination en s'adaptant à leur race. Le gros mot est lâché!

Race Equity Equality de Clayton Singleton

Quelle ne fut pas ma surprise de réaliser que ce mot n'était pas tabou aux États-Unis! Dans un pays puritain au point d'avoir une liste noire des mots à ne pas prononcer, mais qui deviennent prononçables si on ne dit que leurs premières lettres. Le mot race n'est pas devenu le R-word à l'instar de mots en F, en N, en B ou en SOB!
En tous les cas en tant que française, je fus interloquée de m'entendre dire qu'il fallait adapter mon enseignement aux différentes minorités après avoir longuement analysé des statistiques sur les résultats à chaque question des devoirs en fonction de la race à laquelle les élèves appartenaient.
Comment enseigner le subjonctif devenait tout à coup "comment enseigner le subjonctif aux africains-américains?", "aux mexicains?", "aux asiatiques?".
Pédagogiquement perturbant, non?

samedi 26 janvier 2013

O comme... One-drop rule

Ou comment mon mari qui est blanc, qui se voit blanc est devenu noir du jour au lendemain au yeux de tout le monde.
L'américain voit en couleurs.
Enfin pas vraiment... L'américain voit le monde en termes de race et pas vraiment en couleurs puisque son obsession est de trier les blancs des noirs.
Si mon mari a des origines indéfinissables pour la plupart des gens sur le territoire français. Je l'ai entendu appeler de bien des noms: juif, gitan, rebeu. Le plus souvent, il passe inaperçu et personne ne soupçonne qu'un de ses grand-pères venait d'Afrique.

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Pourtant aux États-Unis, la première chose que tout le monde voit en lui, c'est un black!
Difficile de se voir noir quand on se voit blanc.
Difficile de s'entendre dire que l'on doit cocher la case African ou African-American quand on se sent blanc.


Mais selon la bonne vieille règle du "one-drop", une seule goutte de sang noire dans vos veines suffit à vous faire basculer dans le monde des "colored" ou plutôt dans la non-couleur noire. Impressionnant, non?
Et eux deux alors, vous les trouvez comment? Vous les voyez différemment?

jeudi 24 janvier 2013

R comme... Racially biaised

Cette année m'aura permis de réaliser que nous ne voyons pas le monde de la même façon.
Non pas que je ne le savais pas, mais il y avait plein de facettes que je ne soupçonnais pas.
Et il m'a fallu plus ou moins de temps pour comprendre certaines choses.
Par exemple, les gens avec lesquels nous échangions notre maison, nous avaient mis en garde: "Certes, les informations parlaient beaucoup de faits-divers violents dans la région. Mais si on faisait bien attention, tous ces actes de violence avaient lieu à Oakland. Il ne fallait pas que nous mettions les pieds à Oakland, si on voulait éviter les problèmes".
Cela nous rappelait les conseils avisés de patron de notre motel lors de notre première visite à San Francisco un an auparavant: "il y avait des quartiers à éviter à tout prix: Tenderloin de jour comme de nuit et Alamo Square, après la nuit tombée".
Nous avons arpenté Tenderloin en long, en large et en travers, armés de notre appareil photo, et avons fini par succomber à la tentation et aller à Oakland et... rien!
Certes, Tenderloin est comme tous les centres-villes américains, un quartier pauvre et vétuste avec de nombreux SDF. Mais passé cela, nous n'avons été témoins d'aucune violence, surtout de misère. Et pour ce qui est d'Oakland, les conseils avisés restaient un mystère!
En plus toute l'année, nous avons eu le droit aux hélicoptères des chaines info au-dessus de nos fenêtres car toutes les semaines, nous avions le droit dans le quartier à de sordides faits-divers entre abus sexuels, attaques de pitbull et carnage à l'arme à feu.
Puis j'ai lu Twelve Angry Men, True Stories of Being a Black Man in America Today et j'ai compris!
Lani Guinier m'a ouvert les yeux avec sa préface sur les préjugés raciaux. L'américain blanc moyen a peur des noirs et même des gens qui se disent "liberal" ont inconsciemment, voir par-devers eux des préjugés raciaux.
Et pour ce qui d'Oakland, il est vrai que la population de couleur est plus importante qu'à Walnut Creek ou Concord!
Moi pour le coup, de notre côté de la colline (le côté "conservative"), c'est les blancs qui me faisaient flipper! Les blancs du Tea Party armés jusqu'aux dents, qui faisaient flotter leur Gadsden Flag!
En plus depuis, j'ai fait en ligne des IAT, Implicit, Association Tests pour une étude de Harvard et mes réponses à ces tests dénotent d'un préjugé modéré en faveur des noirs!
Comme quoi chacun ses préjugés...