lundi 16 avril 2012

B comme... Boudin

Je vous imagine déjà en train de penser que nous rêvons de boudins, saucisses, saucissons secs et autre charcutaille. Non pas du tout, pas de boudin blanc, pas de boudin noir, pas de caca boudin non plus...
Pas non plus de thons ou de petits boudins-in-in-in, de petits boudins -in-in... n'en déplaise à Gainsbourg (vous ne saviez pas ça hein?) et Robert Farel - même si la Californienne pourrait parfois trouver sa place sur un podium à une foire aux boudins à Rethel dans les Ardennes...
A San Francisco, Boudin c’est du pain!


Boudin, c'est une success story à l'américaine. Isidore, - que certains d'entre nous associent au lapin - je disais donc Isidore, un pauvre petit immigré plein de rêves, arrivé de sa Bourgogne natale - que certains d'entre nous associent au vin -  Isidore donc, fils de boulanger, se lance dans le business et multiplie les pains puis les boulangeries et se retrouve à la tête du monopole du pain au levain à San Fran.
Je plante le décor: 1849, la ruée vers l'or. Papa Boudin a décidé d'installer sa boulangerie au beau milieu des chercheurs d'or et des prostituées dans un San Francisco sans foi ni loi. Et croyez-moi, le vieux Boudin, il avait la foi: il avait traversé tous les États-Unis, affronté les Indiens, les intempéries et les desperados (dans cet ordre et dans le désordre) car il avait un rêve ouvrir une boulangerie de pain au levain et ce rêve tenait à un bout de ficelle ou plutôt à un bout de levain!
C'est ainsi que les établissements Boudin se targuent, même s'ils ont passé la main à un autre Maître Boulanger (Un Italien! Comme si les Italiens s'y connaissaient en pain!), de toujours utiliser pour chacune de leur miche un morceau du levain d'origine. D’où le goût de levain si distinctif et prononcé des pains de chez Boudin.
Boudin est donc devenu incontournable et est devenu une institution depuis plus de 150 ans.


A San Fran, une clam chowder sans sa miche de chez Boudin, ne serait pas une Clam Chowder made in San Fran.
A San Fran, une miche sans levain-mère n'est pas une miche Boudin.
A San Fran, une miche qui vole, c'est du Boudin.
Hé oui, Boudin exposent ses miches à tous les vents et fait maintenant voler les pains pour attirer le chaland. Après avoir inondé le marché du pain avec une trentaine de boulangeries, boutiques, points chauds, cafés, après avoir ouvert le musée-atelier Boudin sur Fisherman's Wharf pour partager leur passion, Boudin à court d'idées fait maintenant dans le lancer de miches d'un trottoir à l'autre pour attirer la populace en inventant une nouvelle tradition. Et dans un pays où le football américain est roi, il y en a des badauds et des ballots pour récupérer des miches à la volée, prendre des pains en pleine poire (quand ils ne sont pas doués) ou ramasser des miches sous les voitures et des miettes dans le caniveau.
Et il n'y a que quelques français expatriés pour douter du bien fondé de cette nouvelle tradition qui fait souvent rouler les miches sous les rois des voitures alors qu'à quelques mètres de là des SDF font la manche.
Mais que diable Boudin, jetez-leur des brioches!

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