samedi 26 mai 2012

V comme... Vietnam Day

Aujourd'hui les juniors (premières) de DVHS célébraient Memorial Day avec quelques jours d'avance (lundi sera férié) en faisant Vietnam Day.

Sous la houlette des professeurs d'histoire, les classes, divisées arbitrairement en pro-war et anti-war - les politiciens en costumes et les hippies - s'affrontent dans des joutes oratoires pour convaincre les autres lycéens - freshmen (troisièmes), sophomore (secondes), seniors (terminales) - de rejoindre leur camp et de faire une marche autour du campus.


Ils leur font signer des pétitions qui nous permettront de savoir mardi prochain, si la peur du communisme l'a emportée comme ces deux dernières années. Le travail en classe est plus ou moins efficace - comme en démontre le prospectus ci-dessous distribué sur le campus par les pro-war.

Et les arguments des élèves qui tentent de nous convaincre de signer leur pétition sont souvent limités et peu fondés et présentent une vision peu fidèle et subjective de l'histoire et de la politique. Mais on ne peut pas franchement en vouloir aux élèves, il suffit d'ouvrir leurs manuels et leurs cours pour constater à quel point la présentation des faits est toujours caricaturale et biaisée.
Des vétérans avaient été invités et étaient venus avec un hélico de la guerre du Vietnam dans lequel les élèves pouvaient monter.


Et le clou du spectacle cette année était l'atterrissage d'un hélicoptère de l'armée sur le terrain de base-ball! Je n'ose même pas imaginer combien cela a coûté au lycée.


Mais pour moi, le meilleur moment de la journée fut les échanges que j'ai pu avoir avec plusieurs vétérans du Vietnam - des hommes de 15 ou 18 ans mes aînés - qui m'ont émue aux larmes avec leurs souvenirs et leur réaction face aux défilés des élèves.

Quand ils sont arrivés sur leur Harley, ils ne s’attendaient pas à être accueillis par des manifestants. Et cette marée de gens hurlant des slogans qui montait vers eux, a catapulté trois d'entre eux à leur retour du Vietnam et ils ont eu un puissant choc émotionnel.
Cette animation innocente - de la part des élèves et des enseignants - mais à laquelle ils n'avaient pas été préparés, les a replongés dans des souvenirs traumatisants.
Leur retour du Vietnam sous les cris de la foule véhémente qui leur crachait dessus et les insultait, les traitant de pigs, de baby killers. Eux, des victimes du système, des draftees (des appelés) qui plus de quarante ans après, font encore des crises d'angoisse et sont pris de tremblements et se paralysent, prisonniers de leur mémoire.
L'un d'entre eux m'a avoué que son premier réflexe avait été de chercher son arme du regard pour se protéger - la seule chose qui lui avait permis de tenir face aux attaques des manifestants à son retour, s'accrocher à son fusil lui avait permis de ne pas trembler.
Ils ont rappelé aux quelques élèves qui osaient les approcher et leur parler que quelque soient leurs sentiments par rapport aux décisions d'un gouvernement d'envoyer des troupes au front, il était essentiel de faire la différence entre leur rejet de la politique du gouvernement et les attaques contre les soldats qui eux n'étaient que des pions dans des décisions qui les dépassaient. Que ces hommes et ces femmes faisaient le don ultime pour leur pays, leur vie et qu'il fallait les respecter pour ce sacrifice qui, s'ils survivaient à la guerre, les amenait à vivre en enfer jusqu'à la fin de leurs jours.

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